Bernanke optimiste sur la reprise, Trichet plus prudent

L'économie mondiale semble se rétablir mais la reprise devrait être lente et des risques demeurent, déclare le président de la Réserve fédérale des Etats-Unis, Ben Bernanke. "Après s'être fortement contractée au cours de l'année écoulée, l'activité économique semble se stabiliser, à la fois aux Etats-Unis et à l'étranger, et les perspectives d'un retour de la croissance à court terme semblent bonnes", a dit Ben Bernanke lors d'un discours à Jackson Hole (Wyoming), lors d'une conférence d'économistes et de banquiers centraux organisée par la banque de réserve fédérale de Kansas City. Ces propos teintés d'optimisme ont trouvé un écho dans la publication des chiffres des reventes de logements en juillet aux Etats-Unis, qui ont affiché une progression sans précédent depuis 2007. "Bien que nous ayons évité le pire, de gros défis nous attendent encore", a-t-il ajouté. Il a prévenu que la "reprise devrait être relativement lente pour commencer, avec un chômage qui ne redescendra que progressivement de ses hauts niveaux". DES DÉFIS RESTENT POSÉS "Des défis cruciaux demeurent", a aussi déclaré le président de la Fed, en notant que les marchés financiers mondiaux étaient toujours sous tension après la crise qui a éclaté il y a deux ans. Les difficultés auxquelles sont confrontés les ménages et les entreprises pour obtenir des prêts sont une autre source de tension, a-t-il ajouté. La crise a mis en lumière la nécessité de répondre "d'urgence" aux faiblesses structurelles du système financier, notamment en ce qui concerne la façon dont les gouvernements fixent la réglementation et la supervisent, a précisé Ben Bernanke. Angel Gurria, secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques, présent à Jackson Hole, a déclaré que l'OCDE relèverait dans les jours qui viennent ses perspectives économiques. Dans un entretien accordé à Reuters Television, Angel Gurria a ajouté que les pays qui ont mis en place les plans de relance les plus lourds seraient très probablement les moteurs de la reprise. TRICHET PRUDENT D'éminents économistes présents à Jackson Hole ont souligné que les effets de la crise économique affecteraient durablement les économies américaine et britannique, qui ne devraient pas retrouver leur niveau d'activité d'ici la deuxième moitié de l'année 2010. Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a fait part de ses réticences à parler d'un retour à la normale. "Je suis mal à l'aise lorsque je vois cela, parce que lorsque l'on perçoit des bourgeonnements à droite et à gauche, on dit souvent: 'Eh bien, finalement, nous sommes proches d'un retour à la normale'", a-t-il dit. "Nous savons qu'il reste une montagne de travail à accomplir et nous devons nous montrer aussi actifs que possible", a-t-il dit, soulignant au passage qu'il faudrait se pencher sur la réglementation pour rétablir le système financier. Trichet a également insisté sur la nécessité de bien différencier les problèmes de liquidité des banques, qui menacent l'ensemble du système financier, et les problèmes de solvabilité. "Il est d'une importance extrême que nous connaissions la frontière entre risque de liquidité systémique et risque de solvabilité systémique", a expliqué Trichet. Axel Weber, membre du comité de politique monétaire de la Banque centrale européenne, a lui aussi préféré adopter une posture prudente, mettant en garde contre tout excès de confiance quant à une reprise de l'économie allemande, sortie de récession au deuxième trimestre. "La détérioration de l'économie allemande a trouvé un terme, il y a des signes de stabilisation", a-t-il dit, avant de prévenir que "l'heure n'était pas encore à l'optimisme". Mark Felsenthal, Kristina Cooke, version française Dominique Rodriguez et Nicolas Delame Source: Yahoo Finance